5.2 Fonctions de Morse
Le lien entre la définition ci-dessus et la hessienne introduite dans la section précédente est fourni par la notion de forme bilinéaire non dégénérée. On pourra se rapporter à l'annexe B.2 si des rappels d'algèbre semblent nécessaires.
La deuxième partie de la proposition suivante est le célèbre lemme de Morse.
Une carte vérifiant la conclusion du théorème ci-dessus sera appelée carte de Morse pour au voisinage de .
On indique d'abord pourquoi la première partie de la proposition est tautologique. On note la section nulle de et l'origine de . La section précédente a décrit une décomposition pour tout . Elle induit un isomorphisme . Par construction, la hessienne d'une fonction en un point critique est la forme quadratique associée à la composition de et de la projection . La transversalité de sur est donc équivalente à la surjectivité de cette composition. Vu l'égalité des dimensions de et , cette surjectivité est équivalente à la non-dégénérescence de la hessienne.
On passe maintenant à la construction des cartes de Morse. Le lemme crucial est que l'action de sur les formes bilinéaires symétriques admet des sections locales au voisinage de toute forme non dégénérée.
On revient maintenant au lemme de Morse. On commence avec une carte quelconque centrée en et on cherche un changement de carte. D'après la formule de Taylor avec reste intégral, on a où
En particulier est non dégénérée (et de même indice que ). Le lemme précédent fournit alors une application d'un voisinage de l'origine vers vérifiant . Ainsi où . Comme la différentielle de en l'origine vaut qui est inversible, il existe un difféomorphisme entre voisinages de l'origine tel que . Par ailleurs le théorème d'inertie de Sylvester fournit une base dans laquelle est représentée par une matrice diagonale dont la diagonale est constituée de puis de , en nombres dictés par l'indice de . La composée de avec le changement de base correspondant donne le changement de carte recherché.
La proposition précédente assure que les indices des points critiques d'une fonction de Morse sont liés à la topologie globale de la variété.
On remarque que l'énoncé ci-dessus est exemple de transversalité sous contrainte. Le théorème 4.9 assure que, pour tout , on peut déformer pour la rendre transversale sur la section nulle, mais on veut une déformation parmi les différentielles de fonctions. L'affirmation plus forte qui entrainera la théorème est que la famille dans est universellement transversale.
On montre d'abord l'ouverture. Soit une fonction de Morse sur . Comme est transversale sur la section nulle, ses zéros sont isolés. Par compacité de , il n'y en a qu'un nombre fini. En chacun de ces points , la transversalité est équivalente à l'inversibilité d'une application linéaire de la forme . Il en découle que la condition de Morse est ouverte en topologie .
Soit un atlas fini de , des ouverts tels que est aussi la réunion de et qu'il existe des fonctions plateau à support dans les et valant un sur les (on construit les et comme dans la démonstration du théorème 3.3). On considère l'espace de paramètres et, pour tout , la famille définie par :
Comme d'habitude, cette formule a un sens car s'annule partout où n'est pas défini. D'après la proposition 4.6, il suffit de montrer que est transversale sur la section nulle de mais, comme annoncé, il s'agit en fait d'une submersion (elle est donc transversale sur toute sous-variété de ). On note que chaque est une section de , la différentielle partielle de dans la direction de suffit donc à atteindre la « moitié horizontale » de . De plus, pour tout de , il existe contenant . La dérivée partielle de par rapport au correspondant envoie tout vecteur sur , ce qui permet bien d'atteindre toutes les directions tangentes aux fibres de .